Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles suit avec détail et pendant 3h18 le quotidien d’une femme au foyer, veuve, mère d’un lycéen et qui se prostitue. À la fin de la deuxième journée, son organisation quotidienne va commencer insidieusement à se dérégler.

Ce film est réalisé en 1975 par Chantal Akerman, 24 ans, entourée d'une équipe technique composée de femmes. Il use, une fois n’est pas coutume, de codes cinématographique female gaze ("regard féminin"), c’est-à-dire qu’il vise à mettre l’expérience de son héroïne au cœur de sa narration et à faire en sorte que les spectateurices appréhendent le quotidien de Jeanne Dielman.

Iris Brey, dans son livre « Le regard féminin – une révolution à l’écran » précise : « Un quotidien qui, avant ce film, n’avait jamais été jugé digne du cinéma. J’imagine que lorsqu’un ou une jeune cinéphile découvre aujourd’hui Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles, il ou elle, en sortant de la salle de cinéma ou en fermant son ordinateur, ne se dit pas « Jeanne Dielman, c’est moi » ; en revanche, il ou elle aura « éprouvé » l’épluchage des pommes de terre ».

Comme l’écrivent Manny Farber et Patricia Patterson : « Ce qui est extraordinaire, c’est qu’on nous fasse éprouver l’amplitude du temps. » C’est là où la portée féministe du film prend toute sa puissance, en sortant de la question de l’identification à l’héroïne, en amenant les spectateur.rice.s à trouver leur place dans le quotidien de cette femme. Une expérience phénoménologique. »

Un flyer donnant des explications sur le male gaze, le female gaze et sur les codes cinématographiques de ce film sera distribué avant la séance.

Il s’agit de la première projection d’un cycle de films female gaze qui seront ensuite projetés à SCOPS. Plus d’infos sur l’agenda de SCOPS ou en vous abonnant à l’infolettre, sur scops.casa